mardi 2 février 2010

« L’AVARE » de MOLIERE


On entend souvent, ici ou là, qu’il est plus plaisant de voir le théâtre que de le lire. Je ne m’oppose pas totalement à ce jugement, mais je trouve qu’il n’est pas entièrement juste, car évidemment que le théâtre est extrêmement distrayant à regarder, mais en le voyant on ne peut pas toujours apprécier les subtilités du texte. Cela dépend exclusivement de la mise en scène. De même si l’on lit une pièce de théâtre on peut imaginer la façon dont les personnages serait le mieux interpréter, or en salle on a jamais l’assurance d’assister à une représentation formidablement bien jouée. C’est d’autant plus dommage dans un texte de Molière, car cette pièce à beau être une comédie, c’est aussi un immense boulevard de références à ceux qui ont précédé l’auteur. Mais toutes celles-ci sont transformées par un autre style, celui de Molière. Quand on parle de « L’Avare » on parle le plus souvent de satire, or même si le texte compte énormément de passages satiriques, ils sont toujours apaisés par un humour propre à Molière. Je prends un exemple : (acte I, scène 3) la Flèche à part : « La peste soit de l’avarice et des avaricieux ! » La réplique débute par des mots forts : « La peste… » Molière utilise ceux-ci pour critiquer, mais pour beaucoup le jugement de valeur au théâtre (comme au cinéma) est fortement désagréable ; or cela, il le savait c’est pour cela qu’il ajoute « et des avaricieux », avec ces trois petits mots il adoucit magistralement la réplique, n’hésitant pas à bafouer la langue française pour arriver à ses fins. C’est comme cela durant toute l’œuvre, l’auteur utilise parfois des mots forts mais les adoucit avec un talent extraordinaire qui provoque l’hilarité et qui ne nous rend sûrement pas mal à l’aise.

L’autre point que je voulais souligner, c’est la capacité de Molière à faire durer le dialogue sans nous ennuyer (que ce soit à la lecture ou en salle). Alors qu’un auteur banal pourrait rendre le final brouillon et incompréhensible, l’auteur, grâce à sa maîtrise et à sa connaissance de la langue française, arrive à toujours contrôler les dialogues sans qu’il soit très confus ou qu’ils se répètent. Le scénario est parfaitement construit, les coupures (scène, acte) toujours utilisées à bon escient (ce qui, d’autre part, facilite la tâche du metteur en scène). On remarque aussi l’importance des didascalies qui marquent les unités de temps (moins utilisées), le comportement des personnages, les unités de lieu ; Molière pense encore au metteur en scène.

En quelques mots lisez « L’Avare » et allez assister à une représentation, et posez-vous la question de ce qui était le plus approprié pour le texte.

Pierre-Jean D.

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