samedi 13 février 2010

A SERIOUS MAN

De Joel et Ethan Coen

La filmographie des frères Coen est l’une des plus passionnantes du cinéma américain. Composée de comédies bouffonnes (The Big Lebowski, Burn after reading, Arizona junior,…), de thrillers noirs (No country for old men) ou même de remakes de classiques (Lady killers). Ce film-là a une place bien à part. Peut-être l’un de leur films les plus personnels ; c’est assez flagrant, les lieux et quartiers juifs montrés dans le film sont très réalistes et lors de plusieurs interviews les Coen expliquaient avoir voulu faire ressortir leur passé juif.

L’intrigue : Larry, juif sérieux et appliqué, vit une vie normale et sans soucis. Mais quand l’un des ses élèves le fait chanter pour obtenir son diplôme, que sa femme le quitte pour son meilleur ami veuf, que son directeur lui explique avoir des plaintes à son sujet, qu’il apprend que son frère passe sa vie dans des jeux douteux… Rien ne va plus pour notre héros, il décide de savoir le pourquoi du comment de toutes ses mésaventures et s’adresse à des rabbins plutôt spéciaux…

Le film s’ouvre sur un conte juif, sur un « dibbouk » (revenant juif). On se demande durant tout le film pourquoi ce conte. Puis la vraie histoire commence, et évidemment, comme dans beaucoup de Coen, ce qui prime c’est l’humour ; tous les malheurs que subit Larry ne nous font provoquer que l’hilarité. Mais l’histoire qui nous est contée n’est pas que celle de Larry, mais des autres personnages. En premier lieu l’histoire du « dibouk » mais surtout celle du fils de Larry. C’est lui le personnage qui représente les frères Coen. Garçon dissipé qui écoute son I-pod pendant les cours du rabbin, fume des herbes illicites les payant avec l’argent de sa sœur,… C’est la grande réussite des cinéastes : réussir à nous raconter l’histoire de Larry sans oublier celle des personnages secondaires ! Exemple : alors que tout semble s’arranger pour Larry, alors que son fils a récupéré son I-pod, les deux vont se « suicider » à cause d’un péché ! Larry va finir par modifier la note de l’étudiant qui le harcèle et son fils va payer ses herbes (…), et au même moment, le médecin traitant de Larry l’appelle pour lui demander de venir le voir pour regarder le résultat de ses radios, on craint le pire. Et en même temps une tornade s’abat sur le lycée du fils. C’est comme cela que s’achève le film, sur ce doute ! Alors que l’on a ri durant tout le film on part totalement dérangé… « Faut-il en rire ou en pleurer ???»

Mais ce film n’est pas qu’une simple satire sur le monde juif. Il est plein de références à la Bible (le livre de Job en particulier), et contrairement aux autres Coen et à plusieurs autres cinéastes (Roman Polanski, Franck Capra, Ernest Lubitch,…). C’est sûrement le film le plus fort (d’un point de vue jugement) des Frères Coen mais aussi l’un des plus pessimistes. Pourquoi est-ce si fort ? Car le film dit qu’on a beau prier, ne pas pécher, être irréprochable, … si on n’a pas d’amour propre on n’avance jamais. Mais aussi quoi qu’on fasse, les galères seront toujours à nos trousses !

Sans oublier les acteurs, tous inconnus, tous fantastiques !

Si ce n’est pas leur film le plus facile, c’est bien l’un des plus réussis, voire le plus réussi !

Pierre-Jean D

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